En partenariat avec RetroNews, le site d’archives de presse de la Bibliothèque Nationale de France, nous vous proposons, tout l’été, un cycle d’articles consacrés aux grandes controverses littéraires.
De l’insulte au chef-d’oeuvre
Certains romans publiés il y a quelques siècles sont aujourd’hui considérés comme des classiques de la littérature : ils sont étudiés à l’école, lus pour le seul plaisir de la lecture et encore grandement appréciés. Mais comment ces oeuvres ont-elles été reçues initialement ?
Le parcours d’un livre de sa publication à sa « labellisation » en tant que chef-d’oeuvre ressemble parfois à un véritable chemin de croix. Quelques unes des oeuvres les plus appréciées des lecteurs ont d’abord été reçues par des insultes, des procès, des censures avant finalement de faire la gloire de leurs auteurs et de redéfinir le rôle et les possibilités de la littérature.
On vous propose de faire un petit bond dans le temps et de découvrir la réception des quelque unes de ces oeuvres qui font aujourd’hui l’unanimité.
Un feuilleton en neuf articles
« Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui » disait Jonathan Swift. Peut-on voir dans les réactions épidermiques qui ont accueilli ces ouvrages le génie de leurs auteurs ?
1. Hernani de Victor Hugo
Notre premier article est consacré à Hernani, la pièce de Victor Hugo.
La représentation de la pièce de Victor Hugo fut tellement chaotique, ses partisans et détracteurs si nombreux -et si bruyants- de chaque côté que c’est en des termes guerriers que l’on parle de la réception initiale de Hernani, comme si se jouait sur scène et pour les nombreux spectateurs autre chose que le « simple » destin tragique d’Hernani, le héro amoureux de Doña Sol qui donne son nom à la pièce. De fait, l’immense succès de celle-ci, malgré les attaques féroces de ses adversaires dans la presse et lors de ses représentations, consacre le théâtre romantique. Une « bataille » comme acte fondateur du romantisme en France ? Victor Hugo et ses fidèles n’auraient pu rêver plus beau récit.
2. Indiana de George Sand
Le feuilleton se poursuit avec une étude de la réception d’Indiana de George Sand.
S’il y a un adjectif qui revient souvent lorsque l’on évoque l’oeuvre ou la vie de George Sand, c’est celui de « scandaleux ». Ce fut pourtant la première femme écrivain française à vivre de sa plume. Elle a dû prendre un nom d’homme pour s’imposer dans un milieu littéraire tout à la fois machiste et jaloux. Mais en appelant incessamment au scandale, ce milieu n’a-t-il pas participé au succès de son oeuvre ?
3. Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire
Que serait un dossier sur les controverses littéraires sans un article sur les Fleurs du mal de Charles Baudelaire ?
Il est peu d’élèves, aujourd’hui en France, qui ne doivent pas lire, apprendre ou étudier un poème des Fleurs du mal, le recueil de Charles Baudelaire. Il est même quelques établissements scolaires qui portent le nom du poète, dix-huit actuellement pour être précis, ce qui est certes moins impressionnant que pour George Sand ou Victor Hugo qui ont respectivement donné leur nom à 103 et 365 établissements, mais le fait qu’il y en ait ne serait-ce qu’un peut être interprété comme un retournement de situation improbable. Révérée au XXIème siècle, l’oeuvre de Baudelaire fut en 1857 jugée si scandaleuse qu’elle fut l’objet d’un retentissant procès aboutissant à une sévère censure du contenu du recueil. Comment expliquer ce revirement ? Que reprochait-on exactement à Baudelaire et à ses poèmes ?
4. Madame Bovary de Gustave Flaubert
On poursuit avec une oeuvre polémique s’il en est, Madame Bovary de Gustave Flaubert.
Paru en 1857, soit la même année que Les Fleurs du mal auxquelles nous consacrions notre dernier article, le roman Madame Bovary de Gustave Flaubert a, comme le chef-d’oeuvre de Baudelaire, subi les foudres de la censure et le jugement moral de ses contemporains. Le roman a pourtant, au fil des mois puis des années, conquis lecteurs, auteurs et cinéastes, l’oeuvre étant régulièrement adaptée sur grand écran.
5. Les Diaboliques de Jules Barbey d’Aurevilly
Les Diaboliques de Barbey d’Aurevilly méritent-t-elles leur nom ?
Au cœur de ses romans, l’auteur, pourtant fervent catholique, aimait mettre en scène les sentiments humains les plus noirs, les plaisirs les plus cruels. Quoique remarqués et commentés, ses récits ne lui ont jamais valu d’être inquiété par la justice. Cela change en 1874 lorsque parait son recueil de nouvelles Les Diaboliques. A peine imprimés, des exemplaires de l’ouvrage sont immédiatement saisis par la justice. Jules Barbey d’Aurevilly était-il jaloux de l’accueil réservé aux Fleurs du mal de son ami Baudelaire ? A-t-il tout fait pour provoquer le scandale ?
6. L’assommoir d’Emile Zola
On continue avec le volume des Rougon-Macquart qui a fait couler le plus d’encre dans la presse française : L’assommoir.
De tous les ouvrages polémiques évoqués pour notre feuilleton de l’été, peu de livres auront provoqué autant de débats dans la presse littéraire et politique française que l’Assommoir, le septième volume de la série Les Rougon-Macquart. Peinture « trop noire » et « misérabiliste » du monde ouvrier d’un côté, « pornographie puante » de l’autre, le roman est l’objet, dès sa prépublication dans le journal Le Bien public, de toutes les conversations, l’auteur de toutes les insultes. Même les soutiens les plus anciens, tels Victor Hugo, désavouent Emile Zola.
Le livre est pourtant aujourd’hui considéré comme un classique de la littérature française. Que s’est-il exactement passé lors de la publication du livre ? Que disaient les critiques de l’époque et que disent les lecteurs d’aujourd’hui ?
7. Bel Ami de Maupassant
Maupassant a été plus ou moins épargné par la censure. Son oeuvre a pourtant fait couler beaucoup d’encre…
Bel-Ami, le second roman de Guy de Maupassant n’a pas été l’objet de censures ni de procès retentissants. L’ouvrage est pourtant de ceux qui ont profondément agité les débats littéraires et moraux du XIXe siècle. En mettant en scène un personnage de journaliste aussi manipulateur et moralement ambigu que Georges Duroy, Guy de Maupassant ne jouait-il pas avec le feu des critiques ? Qu’ a pensé le public de ses aventures ?
8. L’oeuvre d’Oscar Wilde
Pour reprendre, plus ou moins, l’une de ses plus célèbres citations, aucun dossier sur les grandes controverses littéraires sans un article sur Oscar Wilde ne semble digne d’un regard.
Ce n’est pourtant pas tant l’oeuvre de Wilde qui choqua ses contemporains. L’auteur irlandais aimait dire qu’il avait mis son génie dans sa vie et que son talent dans son oeuvre. C’est précisément sa façon de vivre qui précipita sa chute. Mort à 46 ans sous un nom d’emprunt dans une chambre d’hôtel parisienne, l’auteur est aujourd’hui célébré dans le monde entier. Que disaient les journalistes lors de la publication de ses ouvrages ? Quel regard portaient-ils sur l’auteur lors de sa chute ?
9. L’amant de Lady Chatterley de D.H. Lawrence
Nous concluons notre dossier avec un article sur L’amant de Lady Chatterley de D.H. Lawrence.
Le nom de l’écrivain D.H. Lawrence semble à jamais associé à celui de son héroïne, la sulfureuse Lady Chatterley. Publié en Angleterre plus d’une trentaine d’années après sa mort, L’Amant de Lady Chatterley provoqua, des deux côtés de la manche mais également dans à peu près tous les pays où il fut publié, des débats enflammés à propos de la littérature, de la morale et, bien sûr, de la censure. Le livre ne fut pas interdit en France et fit la gloire posthume de son auteur mais les critiques furent sévères. Ce roman tient-il de la pornographie ? La littérature peut-elle tout se permettre ?
N’hésitez pas à nous dire ce que vous pensez de ces dossiers et, surtout, de ces oeuvres qui sentent le souffre !
La découverte de « L’amant de Lady Chatterley » aura été un très grand moment. Je ne considère absolument pas ce roman comme un livre érotique, mais par contre comme une superbe histoire d’amour! La réputation sulfureuse du livre n’a plus lieu d’être depuis longtemps. Le texte a choqué lors de sa parution dans une Angleterre bien trop puritaine, attachée aux classes sociales et certainement très hypocrite… Un très grand classique magnifiquement écrit.
Araucaria
J’ai terminé L’amant de Laddy Chatterley hier, mon avis est tout frais. Je ne vois pas ce roman comme un livre érotique (d’accord il y a une description réaliste des scène de sexe) mais plus comme roman sur la condition de la femme dans l’Angleterre de l’après Première Guerre Mondiale. Constance choisit de vivre sa vie. A mon avis ce qui a le plus choqué l’Angleterre puritaine c’est la confrontation des classes sociales. Comment un femme de la bonne société marié à l’un des meilleurs partis du royaume peut-elle partir avec un domestique. Ce roman de David Herbert Lawrence était trop moderne pour les bons penseurs de l’époque. Constance Chatterley préfigure la vie des femmes modernes. Je préfère la morale de L’amant de lady Chatterley à celle de Bel-Ami. Georges Duroy est prêt à tout pour entre dans la bonne société parisienne. Il calcul tout et ne laisse aucune place à l’amour contrairement à Constance qui éprouve des sentiments pour le garde chasse.
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