Les 10 BD les plus populaires de 2019

Alors que le Festival d’Angoulême bat son plein et vient de sacrer Emmanuel Guibert, Grand Prix 2020, nous vous proposons de découvrir les 10 albums de BD les plus populaires sur Babelio ! Attention, on parle de BD mais le manga occupe également une belle place dans notre classement où l’on retrouve un panorama assez diversifié de la bande dessinée : figures immortelles du franco-belge, one-shots, adaptations de romans, et nouvelles séries peuplent ce top 2019. Comme toujours, l’album le plus populaire se trouve en fin de liste.

Sans vous dévoiler l’ensemble du contenu de notre classement, on peut d’ores et déjà vous dire que l’aventure, intérieure ou extérieure, est au cœur de celui-ci. Il vous fera prendre la mer, boire la tasse, rejoindre la terre, partir en campagne (militaire ?), en colonie de vacances, voire, carrément, en direction de la capitale des livres (!). Vous n’aurez décidément pas un moment pour souffler.

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10. In waves de Aj Dungo

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Récent lauréat du prix BD Fnac France-Inter, In waves est un album très personnel de Aj Dungo publié chez Casterman. L’illustrateur américain, qui signe ici son premier roman graphique, y raconte en effet le combat d’une amie contre le cancer. Un combat qu’il a parfois mené à ses côtés mais qui n’est pas le seul sujet du livre. Aj Dungo retrace également en parallèle l’histoire du surf et le destin de deux de ses plus illustres figures : l’emblématique surfeur Duke Kahanamoku qui popularisa la pratique du surf auprès du grand public mais aussi Tom Blake, un touche-à-tout de génie qui modifia les planches pour transformer en profondeur ce sport et le rendre plus accessible.

9782203192393_4.jpgC’est ce double récit qui est au cœur de cet album à la fois émouvant et très instructif. “C’est une histoire dramatique, intime et légère, chronique Fransoaz. L’ondulé des vagues et les couleurs bleues des planches (il y a la planche et les planches) donnent de l’élégance et de l’agilité aux semelles de plomb de la maladie.” Fannyvincent a également été séduite : “Les couleurs sont d’une grande douceur. Cette oeuvre répond à une promesse faite à Kristen, celle de raconter leur histoire. Nul doute que la lecture de ce récit autobiographique, si plein de sensibilité et de pudeur, vous touchera également…”

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9. Le Retour à la terre, tome 6 : Les Métamorphoses de Jean-Yves Ferri et Manu Larcenet

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Il y a 15 ans de cela, Jean-Yves Ferri et Manu Larcenet alliaient leur plume et leur pinceau pour produire le premier tome d’une série qui marquerait le monde de la bande dessinée humoristique. Le Retour à la terre, c’est la chronique d’un citadin qui découvre, enfin, « les joies de la campagne, des petites fleurs, des bébêtes qui montent qui montent, et tout et tout… ». Après une absence de 11 ans, les deux artistes ont finalement publié, en 2019, toujours chez Dargaud, ce sixième tome très attendu.

 

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L’utilisateur jamiK s’interroge sur ce retour aux planches : « Était-ce bien la peine de reprendre une série laissée en suspens depuis 11 longues années ? Et bien la réponse, c’est OUI ! » La qualité des débuts est toujours au rendez-vous et n’a pas fini d’enthousiasmer les lecteurs : « C’est toujours aussi drôle, frais, fin et subtil avec de grands moments d’humour. Ça valait le coup d’attendre 11 ans. »

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8. Un été d’enfer de Véra Brosgol

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Vera Brosgol est une habituée des récits pour la jeunesse. Dans Le fantôme d’Anya (Alter Comics), réédité sous le titre La Vie hantée d’Anya chez Rue de Sèvres, elle évoquait déjà la tourmente inhérente à l’âge transitoire qu’est l’adolescence : le doute, la confiance en soi, la relation avec les autres… Dans Un été d’enfer !, qui a connu un joli succès l’an dernier, l’auteure passe au crible les nombreux archétypes qui font des colonies de vacances cet espace glorieux – ou l’enfer sur Terre, au choix.

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Un axe particulièrement évocateur pour orbe, qui cite les aspects intéressants de cet album représentatif de l’adolescence : « Feu de camp, toilettes sèches, défis, randonnées, cuisine… Le lecteur retrouve l’ensemble de ce qui fait, ou non, le charme d’une colonie. Une bande dessinée au format roman qui raconte l’expérience malheureuse et les difficultés à se faire des amis. »

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7. La fille dans l’écran de Lou Lubie et Manon Desveaux


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L’une est française, l’autre canadienne. On pourrait vous décrire là un simple synopsis, mais que nenni : Lou Lubie et Manon Desveaux sont bien les auteures et illustratrices de La Fille dans l’écran (Marabulles), un roman graphique né de la collaboration franco-canadienne entre deux artistes émergentes. Cet album, qui fait habilement écho à son procédé de réalisation en deux temps, aborde tout en délicatesse la force de l’amour et des liens humains à l’ère du numérique.
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Cette histoire originale et moderne n’a, en effet, pas manqué de vous émouvoir, comme en témoigne LePamplemousse dans sa critique : « J’ai beaucoup aimé cette bande dessinée qui n’est jamais mièvre, mais qui montre l’évolution des sentiments de deux personnes qui ne se connaissent pas et vont se dévoiler sous nos yeux, avec générosité et pudeur. Une très belle histoire, dans l’air du temps, pleine d’optimisme et de fraîcheur. »

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6. Le Château des animaux, tome 1 : Miss Bengalore de Xavier Dorison et Félix Delep

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Très inspiré par la La Ferme des animaux mais aussi par des actions de la désobéissance civile chère à Henry-David Thoreau, le très productif Xavier Dorison propose dans Le Château des animaux (Casterman) une fable puissante et intemporelle. Les humains ont quitté la ferme, laissant tous les animaux se débrouiller. Ce n’est que le début d’une nouvelle ère de servitude pour les animaux soumis à la loi du plus fort. A moins qu’une vague de protestation, non-violente, vienne changer les choses ?

Si le scénariste Xavier Dorison est bien connu des amoureux du neuvième art (Long John Silver, Undertaker, Le Troisième testament), il est ici accompagné  d’un dessinateur dont on découvre le travail pour la première fois : Félix Delep, un spécialiste du trait animalier.

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Les lecteurs ont apprécié cet hommage au roman de
George Orwell. Cela a parfaitement fonctionné pour Pixie-Flore : « Les scènes sont intenses : la cruauté et la peur règnent et nous révoltent. Les graphismes sont fins, les propos sous-jacents aussi.” C’est également l’avis de Bleuchocolat : “Les dessins sont splendides, les animaux sont très expressifs et derrière eux, ce sont bien les comportements humains qui sont évoqués. Une lecture complémentaire que je ne manquerai pas de conseiller à mes élèves après l’étude de La Ferme des animaux.

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5. Le Patient de Timothé Le Boucher

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Après
Ces jours qui disparaissent, roman graphique troublant au succès retentissant, Timothé Le Boucher a fait cette année son grand retour aux éditions Glénat avec un récit psychologique aux allures de thriller hitchcockien. Le Patient, ouvrage de près de 300 pages, aborde des thèmes chers à l’auteur : la quête identitaire, le rapport au monde et à l’autre, la réalité.

patient2.jpgSelon marina53, le roman graphique est une réussite sur tous les plans : « Ce thriller psychologique, rondement mené et captivant de bout en bout, nous entraîne dans les tréfonds de la mémoire. Outre un scénario parfaitement maîtrisé et huilé, des descriptions approfondies des relations humaines et des personnages minutieusement fouillés et explorés, Timothé le Boucher, en manipulateur diabolique, sème le trouble, parfois le doute, dans l’esprit du lecteur. »

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4. Magus of the Library, tome 1 de Mitsu Izuma

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Dessinatrice du shonen
Ano Hana (Panini) depuis 2012, l’auteure et illustratrice japonaise Mitsu Izuma connaît son premier succès en scénarisant Magus of the Library (Ki-oon), dont le premier tome a fait son apparition rayon manga en mars 2019. Véritable ode à la lecture, cet ouvrage retrace les aventures de Shio, jeune lecteur qui a pour projet utopique de partir pour la capitale des livres… Amorce d’une série prometteuse, ce premier tome a récolté une note moyenne de 4,28/5 sur Babelio, le plaçant dans vos favoris de l’année 2019.

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C’est un carton plein pour Kmye, qui estime que le manga traite très justement d’une réalité sociale qui parlera à tous les amoureux du livre : « Magus of the Library est une claque visuelle avec des dessins et détails de folie doublée d’un démarrage narratif maîtrisé. »

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3. Nymphéas noirs de Didier Cassegrain et Fred Duval

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Joli succès de librairie, coup de cœur de beaucoup d’amateurs de polars et roman auquel Michel Bussi est lui-même très attaché (il nous l’avait confié lors d’une rencontre chez Babelio), Nymphéas Noir (Presses de la Cité) a connu une seconde vie non pas au cinéma ou à la télévision, comme d’autres romans de l’écrivain normand, mais en bande dessinée. Un choix original et sans doute risqué tant le cadre est important dans le récit. L’action se situe en effet à Giverny, le village de Claude Monet. Comment reproduire en dessins cette atmosphère impressionniste sans imiter le peintre ? Comment ne pas déflorer l’incroyable twist de l’intrigue machiavélique mise en place par Michel Bussi ? C’est le pari réussi par Didier Cassegrain au dessin et par Fred Duval au scénario. Une adaptation respectueuse du livre de Michel Bussi que l’éditeur de la BD, Dupuis, présente d’ailleurs comme un hommage. 

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Les lecteurs ont été conquis, qu’ils soient déjà lecteurs du roman comme The Wind : “J’avais beaucoup aimé le roman de Bussi dont la fin m’avait vraiment étonnée. J’ai tout autant aimé cette BD. Je l’ai aimé pour son ambiance à la Giverny, sa lumière, ses couleurs pastel” ; ou qu’ils découvrent l’histoire tel JamiK : “la qualité de l’intrigue policière, servie par une atmosphère dense et riche font qu’il s’agit là d’une bande dessinée de grande qualité, passionnante et belle”.

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2. Les Indes fourbes de Alain Ayroles et Juanjo Guarnido

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C’était un projet fou, presque picaresque en lui-même. On parle là de près de 10 années de travail au scénario et au dessin, 150 pages remplies de bruit et de fureur qui font voyager le lecteur de l’Espagne jusqu’à ces Indes occidentales un brin fantasmées du siècle d’or. On parle aussi de plus de 100 000 exemplaires vendus et d’une BD qui fait l’unanimité sur Babelio avec une moyenne de 4,47/5, l’une des meilleures de notre classement.

Au scénario (bien plus retors qu’il n’y paraît à première vue), Alain Ayroles, déjà scénariste d’une saga culte très appréciée des lecteurs : De cape de et crocs. Il nous avait d’ailleurs accordé un entretien il y a quelques années pour la sortie du tome 11 de la série : Vingt mois avant. Au dessin, Juanjo Guarnido, le très respecté dessinateur espagnol de Blacksad, une série justement célébrée pour la qualité exceptionnelle de ses dessins et de son utilisation des couleurs et des ombres.

Une rencontre au sommet donc pour un récit picaresque qui vous restera longtemps en mémoire. On suit tout au long de cette aventure le jeune Don Pablos de Ségovie. Une “sympathique Fripouille” qui va avoir une vie plus que mouvementée à la recherche du mythique Eldorado.

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Les lecteurs ont été séduits par cet album publié chez Delcourt : “Si je pouvais, je lui mettrais toutes les étoiles qu’il y a dans le ciel, prévient d’emblée Crossroads. J’en fais peut-être trop, possible, mais je voulais juste souligner à quel point cette BD méritait de crouler sous un tombereau d’éloges.” Il s’agit également d’un “sans faute dans tous les domaines” pour Blandine5674 : “scénario, dessins, couleurs. Un plaisir évident à suivre cet aventurier aux allures de loser. La fin, inattendue, est une grande réussite. Un vrai eldorado pour lecteur. ”

Si vous voulez vous faire votre avis, tomber d’accord avec les autres lecteurs ou au contraire aller à contre-courant, il ne vous reste plus qu’à lire cet album ou à ajouter votre critique !

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1.Astérix, tome 38 : La Fille de Vercingétorix de Jean-Yves Ferri et Didier Conrad

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Il y a les années “avec” Astérix, et les années “sans”. L’année 2019 s’est terminée avec une nouvelle aventure du Gaulois (signée
Jean-Yves Ferri et Didier Conrad) et le marché de la BD – sinon celui du livre – peut lui dire merci. Ce nouveau tome a cartonné en librairies (on parle de presque 1,6 millions d’albums vendus à ce jour… ) mais a également connu un joli succès critique auprès des lecteurs sur Babelio.

La moyenne (3,48/5) est certes légèrement en-deçà de celle des autres albums du tandem Ferri-Conrad aux manettes depuis 2013 et l’album Astérix chez les Pictes, mais on reste dans les mêmes eaux et tout le monde semble s’accorder pour dire que le duo respecte fidèlement l’esprit initié par Goscinny et Uderzo.

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Dans ce nouveau tome, toujours publié aux éditions Albert René, c’est un personnage haut en couleur qui vole la vedette de nos Gaulois : la fille de Vercingétorix ! Melenny a apprécié cette nouvelle aventure parce qu’elle y a justement retrouvé les ingrédients qui lui sont chers : “On retrouve beaucoup de clins d’œil à l’actualité d’aujourd’hui, ce qui rend les scènes assez comiques. C’est toujours un bonheur de retrouver l’univers d’Astérix qui ne prend pas une ride.” C’est également l’avis de MarieLywood : “Ils restent fidèles à l’esprit initial avec des dessins de qualité, des références, des clins d’œil et des jeux de mots toujours aussi drôles et plaisants à débusquer tout au long des pages.”

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Que pensez-vous de ce classement ? Quelles ont été vos lectures préférées de l’année ? Quelles BD auraient dû selon vous figurer dans cette liste ?

5 BD à découvrir pour le Mois de l’Imaginaire

Pour poursuivre notre exploration des univers de la science-fiction et du fantastique à l’occasion du Mois de l’Imaginaire – et en savoir un peu plus sur les sorties du moment à ne rater sous aucun prétexte -, nous sommes allés demander conseil non pas à un libraire spécialisé SFFF comme c’était le cas en début de mois, mais cette fois à un libraire BD (avant de vous présenter un libraire jeunesse en fin de mois) !

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Nicolas tient la librairie Refuge depuis septembre 2012. Refuge ou caverne d’Ali Baba, sa librairie située au 40 rue Faidherbe dans le 11e est un joyeux foutoir dans lequel les lecteurs peuvent se perdre des heures durant pour trouver pépite sur pépite. Ici, aucun type de BD n’est plus mis en valeur qu’un autre et les zones de démarcation entre les genres sont volontairement floues : on passe facilement du manga à la BD franco-belge, des comics à la BD indépendante et des classiques aux toutes dernières nouveautés. De quoi traverser les genres et susciter sans cesse la curiosité des lecteurs.

C’est pourtant bien sur l’imaginaire que nous avons interrogé notre libraire. Quels sont les récits de science-fiction, de fantasy ou de fantastique qu’il recommande aux lecteurs en ce moment ? Il nous en a choisi cinq en précisant bien qu’ils peuvent chacun s’adresser au connaisseur le plus aguerri comme au néophyte le plus complet.

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Gou Tanabe, Dans l’abîme du temps (Ki-oon)

« Gou Tanabe continue d’adapter l’oeuvre de H.P. Lovecraft en manga chez Ki-oon après Les Montagnes hallucinées. Ce manga, qui peut tout à fait se lire indépendamment de ses autres adaptations, raconte l’histoire d’un professeur de fac – comme souvent chez Lovecraft – qui va se réveiller 5 ans après un malaise. Il n’a aucune idée, aucun souvenir de ce qui lui est arrivé pendant ces 5 ans alors il se met à enquêter mais ses recherches sur son mal profond vont l’emmener à se questionner sur la folie mais aussi sur l’existence même de l’Homme. Les interrogations éternelles de Lovecraft sont appuyées par les superbes dessins de Gou Tanabe. On retrouve de superbes planches avec des architectures incroyables. Et puis, l’ouvrage est somptueux. »

 

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Ugo Bienvenu, Préférence Système (Denoël)

« Ugo Bienvenu est en train de créer une oeuvre très intéressante sur le futur. Il s’attaque ici aux « banques de mémoires » ou « Data centers ». On est plongés dans un monde qui ressemble au nôtre. On croît être dans une démocratie mais on se retrouve assez vite chez Orwell. Le monde est focalisé sur la mémoire et surtout le manque de mémoire, d’espace pour la stocker. Le comité de censure est amené à faire disparaître des œuvres artistiques. Yves, le personnage principal, travaille justement pour ce comité – Le Bureau des essentiels – qui doit par exemple faire disparaître 2001 L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick afin de faire un peu de place pour stocker les photos que les gens s’échangent ou leurs souvenirs personnels… La résistance viendra-t-elle des robots domestiques qui accompagnent les humains ? »

 

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Xavier Dorison et Félix Delep, Le Château des animaux (Casterman)

« J’étais un peu méfiant envers ce projet. J’avais peur d’une énième BD animalière et pourtant je me suis immédiatement plongé dans cette histoire qui fait évidemment référence à La Ferme des animaux de George Orwell. On découvre petit à petit les différents personnages et leurs situations comme Miss B. La chatte qui élève seule ses petits puis un lapin dragueur que l’on croit tout d’abord peu touché par le système totalitaire dans lequel ils sont pourtant tous plongés. Le château est en effet administré par un taureau despotique. Comment s’en sortir face à la puissance de l’animal le plus fort du château ? Les dessins sont magnifiques et sont d’autant plus impressionnants qu’il s’agit de la première BD de Félix Delep… »

 

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Ludovic Debeurme, Epiphania tome 3 (Casterman)

« Ludovic Debeurme est un artiste qui vient de la BD indépendante et dont Epiphania est peut-être la première série grand public. On est, dans Epiphania, et malgré les couleurs flashy des cases, dans un monde malade, en train de mourir. Quelque chose qui pourrait alors apparaître comme une aberration – des enfants qui naissent avec des attributs animaux – va en réalité peut-être se révéler être une chance pour la planète. Ce troisième tome marque la fin d’une trilogie très réussie. Ludovic Debeurme est un dessinateur qui travaille beaucoup le corps. On pense, en le lisant, à David Cronenberg mais aussi à des auteurs américains comme Daniel Clowes. »

 

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Tillie Walden, Dans un rayon de soleil (Gallimard)

« Une BD de science-fiction pour finir et attention, c’est plus de 500 pages qui vous attendent. Malgré sa taille, et son poids, ce roman graphique ce lit cependant très vite tant on est plongés dans l’histoire. On suit une jeune femme qui part aux confins de la galaxie restaurer des vestiges architecturales. Assez rapidement cependant, lui remontent en mémoire des souvenirs de son histoire d’amour avec une certaine Grace.
C’est une histoire très fine, très subtile dans un univers presque entièrement peuplé de femmes. S’il s’agit de SF et de vaisseaux spatiaux, on reste dans le registre de l’intime. »

 

Poursuivez avec…

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Les 5 romans de l’imaginaire choisis par Julien de La Dimension Fantastique

 

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Les 5 livres jeunesse d’imaginaire choisis par Maria de L’Enfant Lyre

Les 20 BD les plus populaires de 2018

Pour conclure le mois de la BD sur Babelio et dans le sillage de la 46e édition du Festival d’Angoulême qui a eu lieu le week-end dernier, nous vous proposons un florilège des bandes dessinées les plus populaires sur Babelio en 2018.

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Entre fables écologiques, sagas familiales, romans graphiques et délires tarantinesques, le classement des 20 bandes dessinées les plus populaires de l’année 2018 n’entre dans aucune case ! Un classement éclectique qui témoigne encore une fois de la richesse et de la diversité éditoriale du secteur de la bande dessinée en France.

Enfin, si la plupart des auteurs du classement sont des dessinateurs ou scénaristes reconnus, il y a fort à parier que cette liste vous fera découvrir de nouveaux horizons de lecture. Comme toujours, n’hésitez pas à commenter l’article et nous faire part des BD, comics ou mangas qui auraient dû, selon vous, y figurer.

Pour information, nous entendons par « bandes dessinées les plus populaires » celles qui ont le plus été ajoutées dans les bibliothèques de nos membres en 2018. Et au passage, toutes les formes ont été prises en compte pour ce classement : BD franco-belge, comics, romans graphiques et mangas.

20 : Mon traître de Pierre Alary

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Vous connaissez certainement Sorj Chalandon, et l’avez sûrement déjà lu ; peut-être aviez-vous-même vu passer notre interview de l’auteur pour son dernier roman Le Jour d’avant ? Les livres du journaliste et écrivain français connaissent depuis quelques années une seconde jeunesse, avec des adaptations en bande dessinée de ses titres les plus populaires : Le Quatrième Mur, Profession du père (voir notre interview de l’auteur de la BD ici) et, à paraître en février 2019, Retour à Killybegs. C’est donc logiquement que l’on retrouve cet auteur très apprécié dans le top BD 2018 des lecteurs, avec cette adaptation de Mon traître signée Pierre Alary.

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Et vu la force de ce roman, qui a fait découvrir le romancier à un large public, de nombreux lecteurs ont pu faire part dans leur critique de leur crainte initiale quant à une adaptation, qui aurait pu échouer à retranscrire la pudeur et la noirceur de l’œuvre originale. Des craintes finalement infondées, si l’on en croit notamment amandine_koko : « J’ai trouvé cette bande dessinée extrêmement forte. L’auteur a su mettre en valeur les mots de Sorj Chalandon par un graphisme sobre mais terriblement bouleversant. Les tons monochromes contribuent à appesantir l’atmosphère et les yeux des personnages d’encre sont plus parlant que des mots. » Une réussite donc, et logiquement pas mal d’impatience quant à la lecture prochaine de Retour à Killybegs en bande dessinée.

Découvrez Mon traître de Pierre Alary, publié chez Rue de Sèvres

(NH)

19 : Lucky Luke, Un cow-boy à Paris de Jul et Achdé

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Les héros de BD sont immortels. Si ni Morris ni René Goscinny ne sont plus de ce monde, le cow-boy qui tire plus vite que son ombre continue de faire parler la poudre dans le monde du neuvième art. Certes, il ne fume plus depuis longtemps et ne se sert de ses pistolets qu’en dernier recours. Reste que Lucky Luke demeure une figure majeure de la BD et semble toujours autant apprécié des lecteurs de tous âges. Au contraire de Tintin mais à l’instar d’Astérix et d’Obélix, le lonesome cow-boy continue de vivre des aventures dans les déserts et saloons qui peuplent l’Amérique sauvage de la fin du XIXe siècle.

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Une surprise a cependant attendu les lecteurs de la nouvelle aventure signée Jul et Achdé. C’est en effet à Paris que se retrouve le cow-boy au foulard rouge. L’occasion pour cet Américain de papier de découvrir l’ancien monde et sa Ville lumière. Un vrai pari scénaristique pour ce personnage qui n’avait, auparavant, hormis quelques détours au Mexique, jamais quitté le pays de John Ford. Le choix aurait pu surprendre les lecteurs mais ces derniers ont plutôt bien accueilli cette nouvelle aventure qui fait même, pour certains, figure d’incontournable : « Nul besoin d’être un fan de Lucky Luke ou d’être un Parisien (ou les deux à la fois) pour apprécier » indique ainsi Eric75, quand d’autres saluent le ton employé par les auteurs, comme Crossroads : « Un récit maîtrisé s’appuyant sur moult recherches respectables et un humour démultiplié. Qu’il soit visuel, de référence ou bien encore à base de calembours et autres jeux de mots forts à propos, le ton sonne juste. »

Découvrez Les aventures de Lucky Luke d’après Morris, tome 8 : Un cow-boy à Paris de Jul et Achdé, publié chez Lucky Luke éditions

(PK)

18 : Nos embellies de Gwénola Mirozur

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Première collaboration couronnée de succès entre Gwénola Morizur (déjà remarquée pour Bleu pétrole) et Fanny Montgermont pour cette bande dessinée basée sur un fait réel. Nos embellies est une aventure humaine : celle de Lily et Balthazar, deux âmes qui se rencontrent de façon inattendue à un tournant de leur existence. Gwénola Morizur conduit le lecteur vers une réflexion profonde autour de la quête du bonheur, tout en dénonçant une routine monotone et étouffante. Nos embellies est une histoire de rencontre avec l’autre mais aussi de rencontre avec soi, dans la solitude des monts enneigés.

006Une intrigue délicate, qui distille un optimisme bienvenu, et permet à ses auteurs de faire ensemble une entrée remarquée dans la sphère bédéique. Une bande dessinée feel good ayant séduit de nombreux lecteurs, dont Marina53 qui a particulièrement apprécié les rencontres « hasardeuses et bienfaitrices que met en scène Gwénola Morizur, au cœur d’un hiver glacial et enneigé » nous proposant « une tranche de vie profondément humaine servie par un trait tout en finesse ».

Découvrez Nos embellies de Gwénola Mirozur, publié chez Bamboo Edition

(CM)

17 : Les Beaux Étés, tome 4 : Le Repos du guerrier de Zidrou

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Déjà un quatrième tome pour cette série à succès, dans lequel se poursuit la saga familiale des Faldérault : Pierre, Madeleine et leurs quatre enfants auxquels s’est joint Jean-Manu, le petit ami de Nicole. En ce début de mois de juillet 1980, toute la famille se réjouit à l’idée de partir en vacances dans une villa en Provence. Tout semble donc présager des vacances de rêves… Mais les désillusions et les situations cocasses qui les attendent risquent d’être nombreuses ! Ce qui n’empêche pas la famille de rester soudée, dans la bonne humeur…

les-beaux-c3a9tc3a9s-tome-4-le-repos-du-guerrier-zidrou-jordi-lafebre-mado-pena-vacances-famille-p-5Les Babelionautes ont trouvé dans Le Repos du guerrier de Zidrou et Jordi Lafebre un moment de lecture tendre et rafraîchissant, à la nostalgie positive. « Une plongée dans nos propres souvenirs » qui, selon mumuboc se déguste « comme une madeleine de Proust ».

Découvrez Les Beaux Étés, tome 4 : Le repos du guerrier de Zidrou, publié chez Dargaud

(CM)

16 : Cinq branches de coton noir d’Yves Sente et Steve Cuzor

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C’est l’histoire de la ségrégation qui est au cœur de ce nouveau roman graphique signé Yves Sente et Steve Cuzor. L’intrigue se déroule aux Etats-Unis durant la Seconde Guerre mondiale, Johanna a hérité du journal d’Angela Brown, la femme qui a cousu le premier drapeau américain. Dans son récit, elle apprend qu’Angela Brown glissa, sous une des étoiles blanches du drapeau, une étoile de coton noir, symbolisant ainsi la lutte pour la communauté noire. Si l’histoire relatée est bien réelle, c’est alors toute l’histoire des Etats-Unis qui est à réécrire. D’un sujet inédit, Yves Sente et Steve Cuzor signent une œuvre ambitieuse et maîtrisée, explorant de nombreuses thématiques historico-sociétales.

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Le verdict des lecteurs est unanime, Cinq branches de coton noir est un coup de maître au scénario remarquablement construit. Selon Foxfire, son intrigue est si bien menée qu’il « serait un candidat idéal à une adaptation sur grand écran ».

Découvrez Cinq branches de coton noir d’Yves Sente et Steve Cuzor, publié chez Dupuis

(CM)

15 : Aspirine de Joann Sfar

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Les lecteurs les plus assidus de Joann Sfar connaissaient bien Aspirine puisque cela fait quelques années que ce personnage intervenait dans son univers. Dans la série Grand Vampire d’abord où elle a vu le jour (l’expression est peut-être mal choisie pour parler d’une vampire…) mais aussi dans son roman L’Homme Arbre. Il était temps pour le prolifique auteur Joann Sfar de consacrer un peu plus de pages à ce personnage de vampire qui, depuis trois siècles, est coincée dans son corps et ses colères d’adolescente. C’est chose faite avec la sortie d’ Aspirine publié chez Rue de Sèvres. S’il s’agit donc d’un premier tome, il y a fort à parier que de nombreux autres suivront tant l’auteur semble prendre du plaisir avec la « jeune » rousse. Un plaisir partagé avec les lecteurs qui ont été au rendez-vous-même si certains découvraient Aspirine avec cet album.

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Comme souvent avec Joann Sfar, le récit, rempli d’humour noir voire rouge sanglant, est prétexte à de nombreuses réflexions sur l’absurdité de la vie. Ce n’est d’ailleurs probablement pas pour rien que cette « charmante » vampire est également étudiante en philosophie à la Sorbonne. Une réussite pour MademoiselleBouquine : « Le tout n’est semblable à rien de connu, entre conte de fées déglingué, méditation adolescente et odyssée cynique, truffé de références et de traits d’esprit. Autant prévenir : pas de fil narratif classique, pas de trame à proprement parler : avec Aspirine, ça part dans tous les sens. C’est particulier, mais si vous adhérez, Aspirine vaut le détour ! »

A noter que l’auteur est venu dans les locaux de Babelio pour parler aux lecteurs de cette BD inscrits sur le site. Vous pouvez à ce titre retrouver le compte-rendu de la rencontre ainsi qu’une vidéo avec Joann Sfar.

Découvrez Aspirine de Joann Sfar, publié chez Rue de Sèvres

(PK)

14 : Undertaker, tome 4 : L’Ombre d’Hippocrate de Xavier Dorison et Ralph Meyer

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On retrouvait déjà le personnage de l’Undertaker dans notre classement 2017 pour la sortie du  troisième tome. Nous disions alors qu’il  venait de « faire sa place au milieu des plus grandes figures de l’Ouest ». Force est de constater que le croque-mort le plus célèbre de l’Ouest n’est pas prêt de laisser son nouveau statut au premier venu. Inventé par Xavier Dorison et Ralph Meyer (avec Caroline Delabie aux couleurs) chez Dargaud, cet homme au passé trouble séduit toujours autant les (nombreux) amateurs de BD et de western.

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L´Ombre d’Hippocrate est la suite directe du troisième tome et représente peut-être, pour les auteurs, la fin d’un certain cycle avec, spoiler alert, des personnages qui disparaissent. Les lecteurs ont de nouveau été au rendez-vous et apprécient toujours autant la façon dont les auteurs malmènent leur héros. MarquePage est de ceux là : « Les auteurs nous emmènent dans un train d’enfer avec suspense jusqu’à la résolution finale des dernières pages. Une très belle conclusion pour ce cycle avec une pointe d’émotion. Les auteurs ont laissé leur côté bisounours à la cave. »

Découvrez Undertaker, tome 4 : L´ombre d’Hippocrate de Xavier Dorison et Ralph Meyer, publié aux éditions Dargaud

(PK)

13 : Ailefroide : Altitude 3954 de Jean-Marc Rochette

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Plus connu pour ses BD de science-fiction, l’auteur de Transperceneige revient cette fois avec une histoire bien plus personnelle. Ailefroide : Altitude 3954 est une autobiographie dessinée, un album intimiste dans lequel Jean-Marc Rochette déclare son amour pour la haute montagne et l’alpinisme, et livre une véritable leçon de vie. Récit d’apprentissage, cet album retrace les pas de l’auteur, ces années durant lequel son cœur balança entre l’illustration et la montagne. Il y évoque son rêve brisé : celui de devenir guide. Un rêve brisé par des drames personnels, qui l’arracheront de la montagne.

L.10EBBN002463.N001_Ailefroid_Ip001p106_FRNouvelle illustration du talent de Jean-Marc Rochette dans un registre plus intimiste, Ailefroide : Altitude 3954 a su émouvoir les lecteurs, comme Carnets2SeL avec cet « hymne vibrant à la beauté des sommets et de la montagne », « puissant et sans concession ». Les scènes d’ascension, dignes d’un grand roman d’aventure, ont su émouvoir et captiver les lecteurs. Le dépassement de soi est au cœur de ce récit vertigineux !

Découvrez Ailefroide : Altitude 3954 de Jean-Marc Rochette, publié chez Casterman

(CM)

12 : Il faut flinguer Ramirez, tome 1 de Nicolas Petrimaux

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Ce thriller explosif et déjanté à souhait retenu dans la sélection officielle du Festival d’Angoulême 2019 est une œuvre hybride, dans laquelle on peut discerner de nombreuses influences : le comics, la bande dessinée franco-belge et l’animation. Légendaire tueur à gages mexicain, Ramirez s’est volatilisé. Deux membres d’un dangereux cartel semblent avoir retrouvé sa trace en Arizona. Curieusement, ce fameux Ramirez serait désormais employé modèle dans une multinationale de l’électroménager. Le pire assassin mexicain œuvrerait-il donc sous la couverture d’un expert en aspirateur hors pair ?

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Récit jubilatoire assumé, l’album est parsemé de références au meilleur de la culture pop des années 1980. A ses allures de pulp et de road movie tarantinesque, cet album grand public ajoute un humour décapant et pas mal de rythme. Les lecteurs saluent à l’unanimité cette première bande dessinée solo de Nicolas Petrimaux, vue par Playmo44 comme « l’une des sorties les plus réussies de cette année ». Un cocktail détonnant qui réjouira très probablement les amateurs de Scorsese et Tarantino.

Découvrez Il faut flinguer Ramirez, tome 1 de Nicolas Petrimaux, publié chez Glénat

(CM)

11 : Charlotte impératrice, tome 1 : La Princesse et l’Archiduc de Fabien Nury et Matthieu Bonhomme

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Si la bande dessinée historique représente une part importante des parutions et ventes de BD en France, vous en trouverez finalement peu dans ce top 20. Mais à en croire les critiques des Babelionautes, le premier tome de Charlotte impératrice par Nury et Bonhomme semble un bon exemple de ce qui se fait de mieux dans le genre. C’est le destin de Charlotte de Belgique (1840-1927), belle-sœur de Sissi relativement oubliée, qui nous est conté ici. Une princesse qui devra faire face à un mariage décevant avec Maximilien d’Autriche, et aux rivalités propres à l’Ancien Régime, pour un destin au final plus proche de la tragédie que du conte de fées.

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Sorti lors de la rentrée de septembre 2018, voilà un album qui a plu aux mordus d’histoire comme aux curieux, et autres fans des auteurs – qui n’en sont d’ailleurs pas à leur coup d’essai. Si certains vantent les qualités scénaristiques (« Souvent les personnages du passé nous semblent hiératiques et impersonnels et, ici, ils sont très touchants et simplement humains » Vexiana), d’autres sont tout à fait convaincus par les aspects graphiques : « Les dessins de Matthieu Bonhomme font mouche, avec ce petit côté faussement suranné, rétro qui va très bien avec le sujet. Le trait est sûr, la mise en couleur impeccable » (bdelhausse). Alors, Charlotte impératrice, bande dessinée historique de l’année ? On a envie de dire : si, si.

Découvrez Charlotte impératrice, tome 1 : La Princesse et l’Archiduc de Fabien Nury et Matthieu Bonhomme, publié aux éditions Dargaud

(NH)

10 : Le Chemisier de Bastien Vivès

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Séverine, c’est un peu votre voisine : ni belle, ni laide, ni brillante, ni médiocre, cette étudiante coule une existence banale. Un copain peu attentif, du baby-sitting, un appart à Paris : la vie ordinaire, quoi. Et puis un jour, on lui prête un chemisier pour la dépanner, et cet objet trivial va tout simplement changer sa vie. Avec Le Chemisier, Bastien Vivès semble marcher dans les pas de Milo Manara, mais à rebours : là où l’auteur de BD érotiques (mais pas que) italien imaginait des femmes victimes de leur sexualité débridée (cf. Le Déclic), Vivès fait d’un vêtement, un vecteur d’émancipation féminine. Un remède à l’ennui et à l’invisibilité, à travers le sexe notamment.

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Ce sont encore les Babelionautes qui en parlent le mieux : « Bastien Vivès aborde ici avec subtilité la confiance en soi et le désir avec ce récit ambivalent. Le chemisier de Séverine devient une arme de séduction mais également une armure pour affronter le monde et l’aider à changer le cours de sa vie », mesechappeeslivresques ; « J’aime son trait et sa manière de compter des histoires qui pourraient arriver à chacun d’entre nous », Bouvy ; « Un roman graphique actuel et moderne d’une grande sensualité, à la limite de l’immoralité, résolument tendance, où se côtoient finesse et habilité », Aufildeslivres.

Découvrez Le Chemisier de Bastien Vivès, publié aux éditions Casterman

(NH)

9 : L’Age d’or, tome 1 de Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil

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L’Age d’or fait sans doute partie des bandes dessinées les plus ambitieuses parues en 2018. Avec ses 232 pages pour un premier volume (sur deux prévus), l’objet a de quoi intimider, et suppose un temps de lecture conséquent. Dès la couverture, la richesse et la densité des dessins sautent également aux yeux, et l’on sent bien vite que le périple de Tilda pour reconquérir le royaume de son père va nous absorber pour quelques heures. « L’Age d’or », c’est aussi le titre d’un livre capable de changer le destin d’une humanité entravée par les lois fixées par les puissants.

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Si Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil nous proposent un détour par le Moyen Age, c’est surtout pour nous montrer que les interrogations politiques contemporaines les plus vivaces trouvent des échos troublants à d’autres époques, et que l’utopie a encore toute sa place dans nos vies. Du côté visuel, c’est également un festival, à la fois fidèle à l’époque dépeinte et résolument moderne : « La mise en images impressionne par son foisonnement, par ses couleurs surprenantes, par sa forme aventureuse, et par sa rigueur et sa précision, ainsi que par les détails concrets », Presence ; « La colorisation vogue gentiment entre réalisme et imaginaire, proche des contes orientaux dans la chaleur des couleurs, et des légendes nordiques plus froid en apparence. Le travail d’édition de Dupuis rend totalement justice à ce travail hors pair, couverture et reliure très solide », LireEnBulles. De quoi patienter avant la sortie du tome 2, attendue pour l’année 2020…

Découvrez L’Age d’or, tome 1 de Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil, publié aux éditions Dupuis

(NH)

8 : Les Grands Espaces de Catherine Meurisse

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« Les filles, la campagne sera votre chance », lancent les parents de la petite Catherine lorsque ceux-ci retournent vivre près de la nature, après une parenthèse en ville. A la manière tendre et juste de Sempé, Catherine Meurisse livre dans Les Grands Espaces un album autobiographique empreint de nostalgie – ce « truc de vieux », comme le dit sa sœur – pour la maison et la région qui l’ont vu grandir. Une bande dessinée sous forte influence littéraire (Proust, Montaigne, Loti et Rabelais sont des personnages à part entière) et picturale, totalement assumée et mise en scène.

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Une ode à la nature et à l’enfance qui n’aura pas laissé de marbre les Babelionautes. Medulla y a vu « un très bel album graphique sur l’amour du paysage, de la campagne, des jardins […] Un régal d’humour, de légèreté et d’intelligence », et mariedoc décrit cette BD comme une « magnifique fable poético-littéraire et plaidoyer écologique ».

Découvrez Les Grands Espaces de Catherine Meurisse, publié aux éditions Dargaud

(NH)

7 : Jamais de Bruno Duhamel

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Jamais ! Jamais Madeleine n’abandonnera sa maison haut perchée, qui menace à tout moment de s’écrouler, et ce malgré les injonctions du maire qui fait tout pour la déloger. Jamais elle ne renoncera aux plaisirs simples de Trousmenils, petit village normand pittoresque, sa plage, son marché aux poissons frais délicieux. Mais comment convaincre cette vieille dame au caractère bien trempé, de quitter une maison remplie des souvenirs de toute une vie ? Jamais plonge le lecteur dans une aventure solitaire, celle d’une femme déterminée et absolue, qui défend son mode de vie contre vents et marées. Malgré la gravité des sujets abordés tels que le réchauffement climatique, la montée des eaux ou encore le deuil et l’isolement des personnes âgées, Bruno Duhamel livre une fable douce-amère. Il y confirme ses talents de conteur, puisant son inspiration dans des sujets d’actualité.

jamais-1Pour la_chevre_grise, la force du récit tient avant tout à son protagoniste attachant : « Qu’est-ce que j’ai aimé Madeleine ! Elle est de ces vieilles dames attachantes qui ont une conviction chevillée au corps et refusent qu’on leur dicte quoi faire. Elle est encore pleine de vie et d’énergie. » Une galerie de portraits haute en couleurs qui oriente subtilement les lecteurs vers des problématiques sociétales très actuelles…

Découvrez Jamais de Bruno Duhamel, publié chez Bamboo édition

(CM)

6 : L’Homme gribouillé de Serge Lehman et Frederik Peeters

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C’est un duo que l’on ne s’attendait pas forcément à retrouver sur un même projet et qui a suscité une grande curiosité – et un réel enthousiasme – de la part des lecteurs. Il faut dire que ces deux-là sont depuis quelques années des grands noms de la BD. Serge Lehman avait estomaqué son monde il y a une dizaine d’années en compagnie de Gess et de Fabrice Colin avec La Brigade Chimérique qui, derrière son formidable récit de science-fiction, développait une théorie passionnante sur l’existence puis la disparition des super-héros européens au profit de leurs homologues américains. Frederik Peeters a exploré différents univers mais avec tout de même un goût également prononcé pour la science-fiction comme dans son récit Aâma qui interrogeait notre rapport à la technologie ou lors de son space opera intimiste Lupus. Les deux auteurs ont donc rejoint leurs forces pour cet  Homme gribouillé publié chez Delcourt.

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Derrière l’inquiétante couverture, toute en noir et bleu, se cache un récit qui l’est tout autant. Il pleut presque en continu dans ces pages en noir et blanc et parfois sans dialogue, les personnages autant que les paysages cachent de nombreux mystères et les secrets ne se dévoilent que lors des toutes dernières pages. Il est également beaucoup question de folklores et de légendes oubliées – et pourtant bien réelles ?

Tout est réussi pour Mirabilia qui recommande fortement cet épais roman graphique : « L’atmosphère hypnotise incroyablement et les planches sont d’une rare beauté. On enchaîne ainsi les planches pleines pages de paysages parfaitement réalisées, des scènes d’action qui créent le suspense et les dialogues qui génèrent moult interrogations du lecteur. Voilà une oeuvre grandement réussie, à ne surtout pas manquer. »

Découvrez L’Homme Gribouillé de Serge Lehman et Frederik Peeters, publié aux éditions Delcourt

(PK)

5 : The End de Zep

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Alors que se révèlent des problématiques écologiques alarmantes et que les ressources naturelles sont menacées, les auteurs sont de plus en plus nombreux à s’inquiéter du futur de l’humanité et concocter des scénarios catastrophiques plausibles. Ces récits de la fin du monde abondent : qu’elles se présentent comme une prophétie divine et finale, ou le cauchemar des survivants, les BD post-apocalyptiques se font l’écho de peurs et de doutes bien vivaces dans nos sociétés. Avec The End, Zep explore ce filon et nous livre une fable écologique minimaliste. L’intrigue tourne autour de Théodore Atem, un jeune stagiaire qui vient d’intégrer une équipe de chercheurs basée en Suède, et travaillant sur les modes de communication des arbres. Au même moment, dans les Pyrénées espagnoles, la population d’un village entier se fait rayer de la carte, asphyxiée. Par ailleurs, un champignon étrange se développe dans l’écosystème, et les animaux adoptent des comportements étranges… La clé de l’énigme se trouverait t-elle dans le langage secret des arbres ?

00628129Comme le conseille si bien LiliGalipette : « Au son des paroles prophétiques » de Jim Morrison, « prenez le temps de rassurer les arbres, de saluer respectueusement leur écorce et de les remercier ».

Découvrez The End de Zep, publié chez Rue de Sèvres

(CM)

4 : Moins qu’hier (Plus que demain) de Fabcaro

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Fabcaro est assurément l’une des figures de proue de GlénAAARG!, la nouvelle collection d’humour pour adultes des éditions Glénat. Auteur du désormais culte Zaï Zaï Zaï Zaï, il signe un hilarant recueil de chroniques acides sur la vie de couple, disséquant les relations et amenant le lecteur à se questionner aussi bien sur la société que sur lui-même, à travers des situations tantôt banales tantôt cocasses du quotidien. Cette compilation d’histoires courtes à l’humour noir est percutante et sait appuyer là où ça fait mal !

fabcaro-aComme le souligne myriampele « l’humour décapant mais d’une grande finesse » est la marque de fabrique de l’auteur, qui signe pour Ziliz comme pour de nombreux autres un album savoureux. L’occasion de passer un excellent moment seul, ou à plusieurs !

Découvrez Moins qu’hier (Plus que demain) de Fabcaro, publié chez Glénat

(CM)

3 : L’Arabe du futur, tome 4 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1987-1992) de Riad Sattouf

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Si c’est avec le deuxième tome de ses Cahiers d’Esther que Riad Sattouf était présent dans notre classement 2017, c’est avec son autre série ultra-populaire que l’auteur a retenu l’attention des lecteurs en 2018 : le quatrième tome de L’Arabe du future. De fait, il semble accessoire de présenter cette œuvre, tant elle a su parler au public, amateur de BD ou non, depuis plusieurs années. Pour les retardataires, disons simplement  qu’il s’agit du récit de la jeunesse de Riad Sattouf entre la Lybie, la Syrie et la France. Ce quatrième tome, toujours publié par Allary éditions, montre un Riad adolescent tiraillé entre deux cultures, française et syrienne. L’album s’annonçait particulier. C’est en effet un tome que Riad Sattouf avait en tête depuis le début de sa série et peut donc être vu comme la clef de voûte de son entreprise. L’album fait d’ailleurs une taille exceptionnelle avec 288 pages quand les autres tomes ne dépassaient pas les 200 pages.

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Les lecteurs ont-ils trouvé cet épisode à la hauteur de la grande attente qu’il a suscité auprès d’eux ? Il semble que oui s’il on en croit sa moyenne bien plus élevée que pour les précédents, même si certains ont noté que le ton avait changé, que l’humour laissait parfois la place à une certaine tristesse. Pour Badadaboum, le pari est remporté haut la main par l’auteur : « Avec le tome 4, la dure réalité rattrape la vie mouvementé de Riad et sa famille. C’est une belle histoire formidablement racontée qui traite avec brio des thèmes du déracinement, du racisme, de l’adolescence, et de l’intégrisme qui peut être un formidable vecteur pédagogique pour les jeunes (et les moins jeunes). »

Découvrez L’Arabe du futur, tome 4 de Riad Sattouf, publié chez Allary éditions

(PK)

2 : L’Atelier des sorciers, tome 1 de Kamome Shirahama

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Pika Edition est l’un des éditeurs français majeurs du manga, avec des licences telles que L’ Attaque des titans ou Seven Deadly Sins, bien établies depuis quelques années. Récemment, cet éditeur a enrichi son catalogue avec l’arrivée d’un titre de fantasy traditionnel dans la lignée d’Harry Potter : L’Atelier des sorciers de Kamome Shirahama. L’intrigue reprend les codes habituels de la magie et de la sorcellerie auxquels la mangaka insuffle une part d’originalité : en effet, la baguette est troquée contre une plume, et les sorts ne sont pas des formules magiques mais des symboles ésotériques dessinés. L’esthétique originale et maîtrisée – avec des enluminures à la croisée des affiches art nouveau de Mucha et des gravures de Gustave Doré -, l’univers intriguant et le scénario surprenant ont su séduire un large public. L’Atelier des sorciers est désormais un titre de référence dans le paysage français du manga.

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Le souci du détail, la finesse et l’élégance du trait sont quelques-unes des nombreuses qualités de l’ouvrage vantées par les lecteurs. Pour Deidamie, il s’agit d’une véritable gourmandise pour les yeux, où tous les détails contribuent « à créer un monde où l’artisanat est source de beauté ».

Découvrez L’Atelier des sorciers, tome 1 de Kamome Shirahama, publié chez Pika Edition

(CM)

1 : Moi, ce que j’aime, c’est les monstres d’Emil Ferris

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Tout juste auréolé du Fauve d’or d’Angoulême,  Moi, ce que j’aime, c’est les monstres, premier ouvrage de la graphiste américaine au parcours atypique Emil Ferris a également su se faire une belle place auprès des lecteurs. Le pari était ambitieux et n’aurait d’ailleurs jamais dû voir le jour, n’était l’opiniâtreté de l’auteur. Jugez donc : presque entièrement paralysée après avoir contracté une sale maladie le jour de ses quarante ans, Emil Ferris prend tout de même des cours de dessins à l’École de l’Institut d’art de Chicago. En pleine rééducation, en scotchant un stylo à sa main, elle se lance péniblement mais sûrement dans ce récit sombre – plus autobiographique qu’il n’y paraît – de près de 800 pages et entièrement dessiné au stylo-bille. Il s’agit de l’histoire d’une petite fille qui vit à Chicago dans les années 1960. Passionnée par les romans noirs et les récits de monstres, elle enquête sur le décès soudain de sa voisine, une rescapée de la Shoah.

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Après près de six ans de travail, Emil Ferris propose l’ouvrage à différents éditeurs qui ne sont guère séduits sauf un, l’éditeur de bande dessinée alternative Fantagraphics. Tout est prêt pour une publication en 2016. Hélas, l’imprimeur chinois fait faillite et les exemplaires se retrouvent tous bloqués à bord d’un bateau sur le canal du Panama…
L’ouvrage sort finalement un an plus tard et fait directement rentrer l’auteur dans la cour des grands. D’illustres auteurs se succèdent pour saluer ce travail unique en son genre.

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En France c’est la maison toulousaine Monsieur Toussaint Louverture qui publie le premier tome de la BD. Le succès critique est immédiat et les lecteurs, comme Nat_85, impressionnés : « Le lecteur retient cet incroyable travail au stylo-bille qui anime littéralement ses pages, pour imiter un carnet intime d’écolière, avec ses lignes, sa marge et sa spirale au centre. D’abord subjugué par le dessin, il pénètre dans le récit. Chaque détail a son importance, et les pages sont denses ! On prend plaisir à s’attarder sur chaque planche. Cette oeuvre est un véritable OVNI littéraire, qui casse tous les codes narratifs ! »

Pour en savoir plus, vous pouvez retrouver la rencontre de l’auteur avec Joann Sfar que nous avions animée au festival America en 2018.

Découvrez Moi, ce que j’aime, c’est les monstres d’Emil Ferris chez Monsieur Toussaint Louverture

(PK)

Ce classement correspond-il à votre bédéthèque idéale de 2018 ? Quelles BD auraient mérité d’y figurer ? Partagez vos impressions et coups de cœur BD de l’année 2017 en commentaire !

Retrouvez également les conseils de 5 libraires, qui présentent chacun leur coup de cœur de ce début d’année 2019 : https://babelio.wordpress.com/2019/01/18/5-bd-a-lire-en-ce-debut-dannee/

https://babelio.wordpress.com/2019/01/18/5-bd-a-lire-en-ce-debut-dannee/

5 BD à lire en ce début d’année

A l’occasion du Mois de la BD, nous sommes allés à la rencontre de libraires parisiens passionnés pour connaître leurs récents coups de cœur. Ils nous ont présenté les dernières pépites du 9e art et ont partagé avec nous tout leur enthousiasme autour de ces quelques titres, dont certains figurent en sélection officielle du Festival d’Angoulême. Bienvenus dans leurs bulles !

Lucie, de La Rubrique à Bulles

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« J’ai choisi Malaterre, de l’auteur de Pereira prétend, que j’avais déjà beaucoup aimé. Dans ce subtil mélange de fiction et d’autobiographie, l’auteur nous propose de suivre l’histoire de Gabriel, un père violent qui resurgit dans la vie de ses trois enfants après des années d’absence. C’est une oeuvre profonde et viscérale sur un antihéros a priori détestable, antipathique et acerbe auquel on s’attache pourtant rapidement. Le caractère universel de l’histoire et de ses protagonistes hauts en couleur est ce qui m’a le plus séduit. Le personnage de Gabriel nous rappelle à tous quelqu’un, qu’on a connu de près ou de loin. J’ai également trouvé certains passages poignants, où l’émotion passe uniquement par le regard des protagonistes. Le regard de la fillette, lorsqu’elle réalise que son père est un individu abject, est bouleversant. C’est une fresque intimiste d’un homme égoïste, d’un connard qui apprend à devenir un père, imparfait et pourtant tellement attachant. Un véritable coup de cœur ! »

Pierre-Henry Gomont, Malaterre, Dargaud, 188 pages


Pablo, de BDnet

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« J’ai choisi Andy, un conte de faits de Typex. Cette bande dessinée hors-norme à la tranche métallisée nous propose un voyage introspectif dans l’esprit du pape du pop art. Chaque chapitre propose un traitement différent inspiré des artistes les plus iconiques de la pop culture qui se mêlent dans un tumulte de couleurs et de styles graphiques : on retrouve notamment l’influence de Lichtenstein. Avant chaque chapitre, on a une galerie de portraits des personnages de la culture populaire américaine que Warhol a croisés. Ce que j’ai particulièrement aimé, c’est ce voyage dans l’intériorité de Warhol ; on est dans l’esprit de l’artiste. On nous présente un portrait à contre-courant, un Warhol perdu, mal aimé, contesté, à un moment où il ne se sent plus en phase avec son époque. La bande dessinée retrace toute sa vie depuis son enfance et montre un Warhol multiple, intime. »

Typex, Andy, un conte de faits, Casterman, 562 pages


Jean, d’Opéra BD

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« J’ai adoré Révolution, tome 1 : Liberté de Florent Grouazel publié chez Actes Sud : c’est un chef-d’œuvre. On suit deux ou trois personnages durant la Révolution française. Le dessin est sublime, l’intensité est maintenue sur 300 pages. Des dessins en double-page montrent un souci du détail et une grande variété. On peut tous se projeter dans une ambiance, un paysage qu’on connaît. »

Florent Grouazel et Younn Locard, Révolution, tome 1 : Liberté, Actes Sud, 336 pages


Pierre, de La Rubrique à Bulles

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« J’ai choisi une BD classée en jeunesse, mais qui plaît aussi beaucoup aux adultes : Calfboy de Rémi Farnos. L’histoire de deux frères cowboys qui braquent une banque, cachent leur trésor, fêtent ça dans la foulée… et oublient où ils ont planqué le magot ! J’ai particulièrement apprécié le rythme de cette BD, notamment son inventivité dans son utilisation non linéaire des cases (douze cases, puis pleine page en face). Visuellement on est surpris, ça apporte quelque chose de vraiment nouveau à l’art séquentiel, avec parfois de l’action qu’on voit rarement en bande dessinée, une sorte de hors champ qui trouve ici sa place. Et puis c’est aussi très drôle, et derrière ce côté naïf des dessins, très créatif. Donc pour moi, Rémi Farnos fait partie de cette nouvelle génération d’auteurs à suivre, qui essaient de bouleverser un peu la bande dessinée classique, avec des livres accessibles ET intelligents. »

Rémi Farnos, Calfboy, Les Editions de la Pastèque, 72 pages


Maryse, de La Tête Ailleurs

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« A mes yeux, l’événement BD de ces derniers mois, c’est Moi, ce que j’aime, c’est les monstres de Emil Ferris, un livre hors norme en tous points. On parle de roman-monde, j’ai envie de parler de roman graphique-monde pour celui-ci. Le lecteur est plongé dans le journal intime d’une fille qui raconte sa vie et celles de ses voisins à Chicago, récit qui se transforme vite en enquête policière et en drame familial. Graphiquement, on tient quelque chose d’époustouflant, avec des dessins entièrement réalisés au stylo-bille, témoignant d’un grand talent pour un premier livre, d’une vraie inventivité artistique et d’une capacité à donner vie à des sentiments, des peurs… Quand je lis de la BD, je cherche plutôt de la créativité, mais j’aime aussi qu’on me raconte une histoire, et là je m’y retrouve tout à fait. »

Emil Ferris, Moi, ce que j’aime, c’est les monstres, Monsieur Toussaint Louverture, 416 pages

Retrouvez ici en vidéo l’ambiance du Festival d’Angoulême 2018 :

Jeunesse éternelle, ou quand Frédéric Rébéna adapte Françoise Sagan en BD

En 1954, Françoise Sagan crée le scandale avec son premier roman Bonjour Tristesse, alors qu’elle n’a que 18 ans. Tandis que François Mauriac la décrit comme un « charmant petit monstre », formule restée célèbre, certains critiques fustigent les actions et comportements des personnages, notamment Cécile, qui « consomme » un garçon avant de rompre, à l’image de l’attitude de son père, Raymond, avec les femmes qu’il fréquente. Or dans les années 1950, représenter une telle relation allait à l’encontre du schéma classique, invitant les amants à se fiancer, à se marier et avoir des enfants en cas de rapport charnel.

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Mai 2018. Bonjour Tristesse est enfin adapté en bande dessinée, comme une évidence. Frédéric Rébéna est au stylo et au crayon, et Rue de Sèvres édite la BD. A cette occasion, 30 Babelionautes ont pu rencontrer l’auteur-dessinateur le vendredi 25 mai, ainsi que le fils de Françoise Sagan, Denis Westhoff, exécuteur testamentaire de son œuvre.

L’amour impossible

L’un des thèmes majeurs du roman, et donc de cette adaptation, c’est la difficulté des personnages à sortir de leur isolement, de leur solitude, et de s’ouvrir aux sentiments, notamment à l’amour. « C’est un roman sur l’impossibilité de l’amour, explique Frédéric Rébéna. Le père a une attitude très consumériste avec les femmes, et orientée sur le sexe. La fille est dans des contorsions d’adolescente, et a pour seul exemple ce père et ses nombreuses et brèves conquêtes. Finalement, elle adopte vite son attitude… » Et, plus loin encore dans la tristesse, « le seul personnage amoureux, c’est Anne, l’amie de la femme décédée, et une relation un temps heureuse qui va déboucher sur le drame, et lui donner un statut de victime. »

Sagan : hier, aujourd’hui, demain

Dès le début de la rencontre, les lecteurs n’ont pas hésité à poser des questions pour avoir un éclairage sur certains aspects, autant du roman que de la bande dessinée. Et notamment pour savoir si le livre, initialement paru chez Julliard, rencontre toujours un public aujourd’hui – à défaut de choquer la morale contemporaine. « Oui, ça se vend de manière encore très régulière, et à toutes les classes d’âges, précise Denis Westhoff. Le livre est d’ailleurs étudié dans les écoles en Chine, au Japon… j’ai même eu une demande venant d’Iran récemment. »

Frédéric Rébéna a, de son côté, choisi de garder une esthétique faisant largement référence aux années 1950, « pour garder la filiation avec le livre », mais de vieillir un peu les personnages : « En 2018, à 50 ans on est encore jeune. Ca me paraissait utile pour ancrer le récit dans le temps présent. » Et pour bâtir graphiquement la fameuse villa, il avoue avoir « compulsé beaucoup de livres. J’ai recensé des lieux, étudié l’architecture de l’époque, et malgré les jalons visuels codifiés années 1950, je voulais garder quelque chose d’universel et d’intemporel. Vous n’y trouverez pas de date (sauf une mention discrète à la toute fin), j’aimais bien cette idée de temporalité flottante. »

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Un dessinateur en quête de personnages

En plus de ses talents de dessinateur, Frédéric Rébéna a cette fois dû s’adonner à l’écriture. « Je n’imaginais pas travailler avec quelqu’un d’autre là-dessus, je voulais faire cette adaptation seul, puisque c’était possible. Avant même de dessiner, j’ai passé beaucoup de temps à écrire, ce qui était très nouveau pour moi. C’est une phase exigeante, un plaisir et une douleur, qui m’a pris deux tiers du temps de réalisation de cette bande dessinée. »

Et visiblement, voilà une œuvre qui lui tenait très à cœur, d’où le soin apporté à ce travail : « C’est un livre que j’associais à mes parents, coincé entre les mémoires de De Gaulle et de Pompidou. Un petit livre isolé dans cette bibliothèque, entre deux figures autoritaires, un livre forcément magnétique pour moi. A 15 ans, je n’ai pas bien compris ce qui m’était raconté. Ma deuxième lecture a été complètement différente. A 50 ans j’ai une lecture plus analytique, plus intelligente sans doute. Je l’ai relu dans de nombreuses éditions, des plus simples aux plus luxueuses, et celle que je préfère est une édition pour lycéens que j’ai bien malmenée à force de l’utiliser. »

D’ailleurs, à force de le lire, l’auteur-dessinateur semble avoir développé une affection particulière pour Cécile : « C’est un livre sur la solitude d’une ado qui rentre dans l’âge adulte. Quitter l’âge d’enfant est une douleur pour elle. Dans la BD elle ressemble énormément à Jean Seberg, qui avait été choisie pour l’adaptation hollywoodienne d’Otto Preminger en 1958. C’est pour moi la meilleure incarnation. » Quand une lectrice très observatrice lui fait remarquer que ses personnages ne sourient jamais, il répond : « On me fait le reproche dans la vie aussi, et je n’arrive pas à traduire le sourire en dessin. Je suis moi-même triste, mélancolique, associé à quelque chose de pas drôle. Mais c’est surtout un problème plus global de représentation. »

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Habiter Sagan

Quand on lui demande comment il a abordé ce travail, Frédéric Rébéna a une métaphore toute personnelle : « On m’a confié les clés d’une maison, je l’ai investie en locataire, j’ai respecté le lieu, le bail, en m’autorisant quand même quelques aménagements. Au début je suis entré dans des transes d’inquiétude, en me disant que c’était impossible de l’adapter. Une fois à l’aise entre ces meubles, c’était très agréable. » Ce à quoi Denis Westhoff réagit par un « pas de dégradation » rassurant.

Ce qui implique parfois des « choix assez autoritaires, nécessaires pour la dynamique du récit » selon le dessinateur, comme de garder ce qui est représentable par le dessin, et donc d’enlever une séquence. Une modification assez importante aussi du côté de la chronologie du récit, qui voit l’issue tragique du roman représentée dans les premières planches de la bande dessinée : « Ce choix a été dicté par des obligations de dramatisation, et pour se repérer dans le récit. Techniquement, c’était la meilleure des introductions pour évoluer en tant que lecteur dans cette histoire. »

Par contre du côté du texte, « garder celui-ci mot pour mot était pour moi une question de respect ». Ce que ne contredit pas le fils de Françoise Sagan, qui a d’ailleurs lancé un prix littéraire en 2010 portant le nom de sa mère, et récompensant des auteurs passés généralement sous les radars de la critique.

Et les Babelionautes enthousiastes et ravis, de repartir avec une dédicace chacun, patiemment exécutées par l’auteur de la bande dessinée. Alors finalement, bonsoir gaieté !

Découvrez plus en profondeur l’adaptation de Bonjour Trsitesse en bande dessinée, à travers cette vidéo « Les 5 mots de Frédéric Rébéna » :